Pour ceux que ça intéresse, une petite interview de moi même recueillie par M. Jérôme "Kalcha" aujourd'hui même:
1- Pouvez-vous présenter en quelques mots votre label (date de création, style musical, nombres de sorties, formats proposés, philosophie, etc.)
MDR, c’est un petit label associatif spécialisé dans les musiques plutôt dures (punk, hardcore, noise, voire metal, etc.), le label n’a pas encore soufflé sa première bougie pusiqu’il fût crée le 31/12/2008 aux environs de minuit (je te laisse imaginer dans quel état). Aujourd’hui, on en est à deux sorties effectives mais trois autres rondelles débarquerons d’ici la fin de l’année. Au niveau des format, c’est varié : deux cd pressés, deux CD-R et un pack 33tour+cd… Et du numérique via CD1D et Zimbalabam ! On est en train de se poser la question de la cassette audio et de la clef USB aussi.
2- Qu'est-ce qui vous a amenés à créer votre propre label? Y a-t-il d'autres labels qui vous ont inspirés auparavant?
La principale chose qui m’a poussé à me fourrer là dedans, c’est bien sûr la passion, mais aussi l’envie de voir certains groupes sortir des disques pressés et, bien sûr, le constat du déséquilibre catastrophique entre la grosse industrie du disque et les petits indépendants. Pour l’inspiration Ipecac bien sûr (tout le monde va dire ça non ?) mais aussi Hydra Head, Basement Apes, Tredkill et pas mal d’autres encore.
3- Pour vous que doit-être un label indépendant? L'aspect financier est-il la seul différence avec un label d'une major? Les labels indés d'aujourd'hui sont-ils différents des labels indés des décennies précédentes?
Déjà qu’est ce que tu entends par indépendant ? Wagram, naïve et Dreyfus sont des indépendants et leur CA n’a strictement rien à voir avec le mien (heureusement pour eux !). L’indépendance, à mon niveau, se situe plus du point de vue esthétique : il s’agit avant tout de sortir des disques que j’aimerais acheter en espérant dans un second temps que d’autres auront l’idée d’ouvrir leur porte feuille. Quant à la différence entre les indés d’aujourd’hui et ceux d’il y a 10 piges, c’est une trop vaste question mais la réponse contient très probablement les expressions « crise du disque » et « dématérialisation de la musique ».
4- Que prenez-vous en charge exactement: promo? fabrication? production? autre?
La fabrication bien sûr (quoi qu’une de mes références est en co-production) ainsi que de la promo (des envois postaux surtout… Pas trop d’encarts promo, trop pauvre !). Dans le cas de certains de mes groupes je prend également des aspects liés au management, au booking et au développement d’artiste (enfin, j’aimerais bien pour ce dernier).
5- Êtes-vous encore attachés à l'objet ou préférez-vous les sorties numériques? Quels avantages et inconvénients y voyez-vous?
Je suis très attaché à l’objet et je n’en démordrai pas tant que les presseurs n’auront pas multiplié leur tarifs par deux. Après le numérique, c’est l’avenir et je ne lui tourne pas le dos mais dans ma vision de la chose, le numérique n’est que l’outil menant au physique. Je suis un vieux con avant l’heure.
6- Votre rapport à Internet? Serait-il possible de poursuivre sans?
Par contre, Internet, c’est primordial pour moi ! j’admirerai toujours les vieux de la vieille qui savent encore s’en passer un maximum avec un téléphone et un bon carnet d’adresse. Déjà grâce à Internet, on peut joindre beaucoup plus de monde très facilement et surtout garder une trace des échanges. En plus, pour un grand timide comme moi, le web est salutaire dans ce que je fais.
7- Qu'est-ce qui est le plus dur pour un label indépendant aujourd'hui?
Survivre clairement. Produire un disque coûte cher et le vendre coûte encore plus cher et demande encore plus de travail. Se faire connaître, emmener les gens à écouter les productions, exister, avoir une légitimité. Après il y a pas mal d’outils qui simplifient la vie : on a déjà évoqué Internet et CD1D.com, mais on peut aussi parler des fédérations de producteurs comme la toute jeune FEPPAL en pays de la Loire dont je suis le secrétaire.
8- Financièrement, est-ce que le label est déficitaire? Équilibré? Bénéficiaire?
Déficitaire et il le restera jusqu’à qu’un miracle se produise ou jusqu’à ce que je décide d’arrêter les frais… En attendant, je le considère aussi comme un hobbie et n’hésite pas à y injecter un peu d’argent. J’ai été subventionné qui plus est.
9- Pensez-vous qu'un label doit se spécialiser dans une niche musicale précise pour exister?
Idéalement oui. Je n’ai pas beaucoup de considération pour les gros labels qui vendent de tout et n’importe quoi juste parce que ça marche. Les petits indépendants, quant à eux, n’ont pas trop le choix s’il veulent se faire un nom et un public. De plus je n’ai pas le bon carnet d’adresse pour promouvoir de la country par exemple. Par contre il y a toujours des contre exemples comme Ipecac ou Hydra Head qui se permettent beaucoup de choses esthétiquement, mais dans le cas d’Ipecac, ils avaient déjà un beau catalogue avant même de commencer (M. Bungle, Fantômas) et Hydra Head se sont diversifiés après une bonne dizaine année de hardcore !
10- En quoi un label est-il encore utile aujourd'hui où tous les intermédiaires entre l'artiste et l'auditeur semblent disparaître?
Un label apporte du fric déjà. Il apporte aussi une direction politique (au sens large) ainsi qu’une cohérence en intégrant un artiste dans un catalogue (ce qui rejoins la question précédent de la niche musicale). Après, je suis d’accord, c’est un modèle qui périclite un peu. Mais pour ma part je me suis toujours presque autant intéressé au label qu’à l’artiste et j’espère ne pas être le seul.
3 commentaires:
sympa comme interview :)
Yo! Merci!
ma foué, bien intéressant à lire tout ça!
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